Habitat de Conrad Foster

La famille Foster habite dans le quartier de Georgetown dans Hyde Park, plus précisément dans la rue résidentielle du nom de Vernon Street. La maison des Foster est modeste, sans étage, si ce n'est un garage. La cuisine et le salon sont reliés, séparés par un bar. Chacun y possède sa propre et petite chambre, probablement le seul luxe. La maison dispose malgré tout d'une petite terrasse à l'arrière ainsi qu'un jardin du coté rue et du coté voisinage.

La rue et celles alentours restent agréables, notamment grâce à l'omniprésence de la verdure dans les quartiers de Boston.
A une vingtaine de minutes se trouve un parc et un cimetière, ainsi qu'un parc aquatique et une patinoire en intérieur.

La maison ne se trouve qu'à vingt minutes du collège, une école publique du nom de Pacific Rim.

Rencontre - 2 juin 2024 :

Conrad se retourna, et pour la première fois depuis longtemps, ses yeux étaient écarquillés. Lui qui d'habitude, ne pensait plus pouvoir être étonné, intrigué, ou même émerveillé, ne put cacher sa stupeur fasse au phénomène incroyable, impossible même. Il était resté plusieurs heures sur son ordinateur, à jouer en ligne, se réfugiant dans la semi-obscurité de sa chambre et dans l'isolement que lui procurait ses écouteurs. Le son à fond, il n'aurait pu savoir si son père, ou sa sœur, venaient lui parler. Eux étaient habitués de son comportement. Non pas qu'ils le validaient, mais ils avaient abandonné. Si Conrad préférait la compagnie de ces personnes virtuelles à celles réelles, et bien soit. C'était peut-être dans l'ère du temps après tout.

Mais pour une fois, la réalité vint rattraper Conrad, attiser sa curiosité autant que son appréhension. Un œuf se trouvait sur son lit, accompagné d'un petit appareil. Outre la taille et l'apparence de cet œuf, tout comme du petit objet électronique, c'était la manière dont ils étaient apparus qui le surprenaient. Il était convaincu de rêver. Il se pinça sans même un regard sur le bras, pour vérifier qu'il ressentait bien la douleur. En vérité, il ne remarqua même pas la très brève douleur physique de ce pincement. Le garçon ne quittait cet œuf des yeux, se remémorant encore et encore son apparition, sortant de son écran brusquement pour se retrouver propulsé sur son lit, situé derrière lui et son bureau.

En quelques secondes où le jeune homme sembla figé, assis sur sa chaise, il repassait cette scène en boucle. Et si l’œuf ne s'était pas trouvé là, il se serait persuadé d'avoir imaginé tout cela. Après tout, Conrad était doué pour imaginer des choses. Mais s'il prétendait pouvoir croire à l'impossible, bien qu'il n'en disait mot, jamais il n'avait confondu réalité et imaginaire. Aujourd'hui, cela avait changé.

Un craquement. Un bruit presque inaudible, et peut-être même Conrad ne l'avait pas entendu alors. Mais il se répéta, se multiplia jusqu'à devenir le seul son de cette chambre, couvrant la respiration du garçon et le bruit du ventilateur de l'ordinateur. Puis un cri, fluet, incompréhensible, de petite bête qui cherchait à trouver sa voie à travers cet œuf, trouvant la vie alors, et la découvrant pour ce qui serait sa première fois. Conrad eut alors sa première réaction, se levant et se reculant. Il ressentit un sentiment tout à fait naturel : de la peur, provoquée par l'incompréhension. Ce petit cri animal, jamais il n'avait entendu ça, si bien que ses oreilles ne surent qu'en faire, comment concevoir un son supposé inexistant.

Des craquelures encore, et la coquille finit de se fissurer pour tomber en morceau, révélant la créature qui se remit à rugir, ou gémir, dans un faible son de bébé. Conrad resta immobile, les yeux encore écarquillés, mais incapable de fuir, incapable de détourner le regard de ce petit être. Le ... monstre ? Le nouveau-né remuait faiblement, découvrant ses premiers réflexes, ses premières réactions. Conrad hésita, ne voyant alors que ce qui ressemblait à un gros jaune d’œuf sur son matelas. Gisant à travers les morceaux de coquille. Quoi qui venait de naitre, cela était faible, peut-être même, inoffensif. Vulnérable, ce fut le mot et la sensation qui en suivit, pleine de compassion qui poussa le garçon à oser s'approcher. Il voulait voir ce qu'était ce petit être qui continuait de gémir faiblement. Un pas puis un autre, Conrad se trouva à proximité du lit, pouvant alors apercevoir le monstre.

Jaune/orange, plus proche d'une boule de gelée que d'un être véritable. Seule appendice physique, une corne rouge se dessinant au-dessus de deux yeux animal. Conrad le regarda, et frémit alors, constatant que le petit monstre venait de le remarquer, et le regardait aussi dans les yeux. Un échange se fit alors, un premier contact, visuel. Et le monstre rugit, se tournant sur le dos, comme pour s'exposer à ce garçon humain qui ne comprenait plus ce qui se passait. C'était réel. Dans ces situations, l'on s'imaginerait se réveiller, ou ressentir le rêve et sa fiction. Mais non. Ce qui se passait se réalisait vraiment. Le monde n'avait pas changé, dehors, le soleil brillait, suintant à travers le store fermé. L'ordinateur était allumé et les amis virtuels de Conrad se demandaient alors ce qu'il était en train de faire, le harcelant sur le chat. Le son d'une voiture passant dans la ruelle, tout à fait normal à cette heure de l'après-midi. Et un petit monstre en gelée venait de naitre sous ses yeux. Et c'était réel.

Un nouveau cri, comme si le monstre implorait le garçon. Conrad hésita, se frottant les mains car il ne savait qu'en faire à cet instant. Puis, parce que l'être ne semblait pas seulement implorer, mais réclamer, comme un bébé pleurerait pour obtenir de l'attention, Conrad approcha sa main, ses doigts. Il les approcha doucement, craignant que le petit monstre ne soit capable de se redresser et de le mordre. Elle n'était pas impressionnante, mais restait aussi grosse qu'un chat. Mais l'être n'eut aucune réaction si ce n'est se laisser faire. Conrad déposa alors ses doigts sur l'épiderme mou, tel un petit ballon gonflable, et rebondi. Et le petit monstre eut un rugissement différent, comme s'il avait apprécié cette très courte caresse.

Et à cet instant, quelque chose explosa en Conrad. Un sentiment d'attachement soudain, une émotion si vive qu'il eut envie d'en pleurer. Il n'avait pas ressenti cela depuis une éternité. Si bien que plutôt que des larmes, se fut un sourire d'émotion qui apparut sur son visage. Ce petit être, il se devait de le protéger, comme s'il avait été un petit enfant à protéger depuis toujours.

Rencontre pt2 - 2 juin 2024 :

Il resta un moment, à le caresser du bout des doigts. Ce petit être qui semblait si fragile et vulnérable. Au début, Conrad n'avait utilisé que le bout de son index pour rassurer le monstre. Mais petit à petit, il avait pris suffisamment de confiance pour y ajouter son majeur, et ses autres doigts. Toujours avec grande délicatesse, lentement, craignant qu'appuyer trop fort blesserait cette créature dont il n'expliquait toujours pas le sens, ou l'existence. Mais en vérité, à cet instant, ces questions étaient passées au second plan. Le garçon était comme subjugué par cette créature qui semblait être venu à lui. Si bien que la rassurer semblait être là la priorité, plutôt que de questionner le comment du pourquoi. Le monstre, lui, s'était calmé, stoppant les rugissements et acceptant les caresses, semblant se détendre alors.

Conrad finit par s'interrompre, ignorant combien de temps il était resté là à dorloter ce petit monstre. Son petit monstre ? Il était bien trop tôt pour affirmer cela. Et c'était là que la raison revint. Cet être ... avait-il une appartenance ? Il était là, né d'un oeuf dont le géniteur était inconnu. Il était arrivé dans sa chambre. Pourquoi ? Par erreur ? Par décision ? Et pourquoi lui ? Ce n'est pas comme si le garçon avait réussi un exploit récemment. Des notes moyennes, plutôt ordinaires à l'école. Il n'avait jamais battu aucun record de jeu vidéo, malgré le temps qu'il y passait. Et même cela, ce n'était pas un record. Il savait que "Hammerforall2888" passait encore plus de temps que lui en ligne. Rien ne semblait expliquer pourquoi ce petit être était arrivé chez lui. Par erreur alors ? Ou par hasard ?

Un cri vint interrompre son questionnement, celui du petit être.

"Quoi ? ... Qu ... qu'est-ce qu'il y a ?"

Les premières paroles qu'adressa Conrad à cet être. Peut-être alors la première fois qu'il le reconnaissait comme une créature indépendante, capable d'un minimum d'intelligence. A ce moment, c'était comme s'adresser à un petit animal dont il devait prendre soin. Et le cri, légèrement plus intense, ou alarmé que les précédents, créèrent en lui une certaine inquiétude. Le petit slime jaune semblait mal à l'aise, inconfortable, comme si quelque chose le faisait souffrir. Et cela pouvait tout dire. Conrad hésita, car ce qui allait faire demandait au final un certain courage. Délicatement, il posa ses mains sous le petit monstre, afin de le soulever et le rapprocher de lui, pour l'inspecter plus attentivement. Avait-il mal quelque part ? Mais où ? Le petit être continuait de gémir douloureusement, provoquant un nouvel émoi chez le garçon, se sentant impuissant, car il ne savait pas quoi faire.

Puis il le sentit. Une petite sensation de chaleur, et liquide, qui provenait du petit monstre et se répandait sur sa peau, dans ses paumes. Il ne comprit pas d'abord ce qu'il se passait, puis enfin, l'évidence arriva. Une expression de surprise et de dégoût s'empara de lui. La créature, elle, semblait aller mieux déjà.

*Oh nooooon...*

Se fit-il à lui-même, souhaitant que ce soit une erreur de sa part, que ce n'était pas ça. Mais si.
Dans d'autres circonstances, le rejet aurait été plus grand, plus sévère. Mais le garçon accepta, ne chassant pas le monstre de ses mains, aussi dégoûtant fut-ce. Plusieurs émotions le prirent. L'envie de rejeter cet être qui venait de se relâcher dans ses mains, une réaction tout à fait ordinaire et civilisée. Mais aussi le soulagement que ce ne fut que ça. Que l'être n'ait pas été malade. Et un sentiment de responsabilité, le forçant à surmonter son dégoût, pour faire ce qu'il devait faire. Nettoyer le petit être, qu'il ne considérait pas plus conscient de ses actes qu'un bébé.

Il se tourna vers sa porte, et se rapprocha, l'ouvrant délicatement pour atteindre le couloir. Sa soeur était-elle là ? Il l'ignorait. En vérité, il n'y prêtait jamais attention. Pour la première fois, il aurait voulu savoir, afin de ne pas être surpris avec cet être dans ses mains. Comment pourrait-il en expliquer la présence, voir l'existence, alors que lui-même ne le savait pas ? Mais il craignait déjà que si un tierce apprenait son existence, il essaierait de le lui ôter, de lui dire qu'il n'était pas le garçon fait pour s'occuper de ce monstre. Voulait-il s'en occuper ? Il ne le savait pas. Tout était arrivé si vite qu'il se laissait à cet instant porter. Un quart d'heure, vingt minutes avant, sa vie était différente, sa seule occupation réelle étant de jouer en ligne ou de se connecter au DEM. Maintenant, il entrait dans sa salle de bain pour essuyer ses mains et le corps légèrement humide et sale de la créature.

La vie était étrange parfois. Et dans le cas de Conrad, l'emphase était à faire sur le mot "étrange".

Hrp : RP Aux petits soins.
Dé5 = 2 = "J'ai envie de faire mes besoins". Etant chez lui, Conrad peut répondre immédiatement à ce besoin.
Bonus : +2 au prochain lancer de dé Combat.

Rencontre pt3 - 2 juin 2024 :

Un repas en silence. C'était là l'ambiance générale chez les Foster. Même lorsque leur père parvenait à rentrer assez tôt pour espérer profiter d'un repas avec ses enfants, Charles Foster comprenait vite que ce ne se passerait pas comme il l'espérait. L'un comme l'autre, fils comme fille,  c'était à peine s'ils se donnaient de l'attention. Bien sur, cela aurait été mentir que de dire que le repas se faisant sans aucun bruit, sans aucune parole. Mais les échanges étaient si plats, si vides de substance, que ces moments auraient été pareils sans eux.

"Ca a été à l'école ?"

"Hmm-mmm."

"Et toi Judith, ton club photo ?"

"..."

"Ca ne va pas ?"

"Ca fait deux mois que j'ai quitté le club photo papa."

"Oh ..."

"Je te l'ai dit."

"Oui. Désolé."

Judith faisait comme si cela ne la touchait pas, mais elle se renfermait dans un silence dans ces moments. Elle en avait assez de ce père qui voulait s'intéresser à eux, sans réserver assez d'espace de pensée pour se souvenir des informations importantes. Importantes pour elle en tout cas. A quoi bon demander si elle allait bien, s'il n'était pas capable de savoir qu'elle avait changé de club, ou de demander pourquoi. D'aller au fond des choses. Quand à Conrad, il ne s'en mêlait pas. Il mangeait son repas réchauffé au micro-onde en silence, prêtant à peine attention au goût. Quand ce n'était pas un surgelé réchauffé, c'était un plat ramené d'un restaurant rapide. Ce type de repas, cela les rendait heureux quand ils avaient cinq ans et sept ans. Que leur mère et leur petit frère était encore là. Car c'était chose rare, un petit évènement, une petite différence dans leur quotidien de plat préparé à la main. Aujourd'hui, cela semblait être une prétention de fête, là où leur père n'avait pas même le courage de mettre un plat surgelé dans le micro-onde. Au final, leurs discussions étaient comme ces repas, sans intérêt, sans envie réelle, une simple formalité. Et généralement, c'était au premier qui finirait et quitterait la table, toujours en silence. Pas de compliments sur ce repas, car ce serait mentir. Leur propre père ne s'attendait pas à un remerciement. Que voulait-il de ses enfants ? Il ne le savait pas lui-même.

Conrad fut le premier à quitter la table, attrapant son assiette et vidant le contenant plastique qui se trouvait dessus dans la poubelle. Il serait bientôt rejoint par celui de sa soeur, qui profiterait que son frère s'en aille pour s'échapper du repas à son tour. Aucune culpabilité, car elle n'était pas la première à se lever. Cela aurait presque été un jeu, si ça n'avait pas été si triste. A qui tiendrait le plus longtemps autour de cette table. Bien sur, le gagnant était toujours leur père, qui restait souvent plusieurs minutes, à rester seul à sa table, devant son propre emballage de surgelé, réfléchissant à un sens de la vie qui avait fini par lui échapper.

Le garçon retourna dans sa chambre, la refermant avec précaution, et prenant soin avec une attention particulière à ce que personne ne s'en approche. Aucune chance, il le savait, mais aujourd'hui, plus que toujours, il voulait s'assurer d'être tranquille. Il se retourna, n'allumant pas la lumière dans la pénombre, la lumière du soleil couchant illuminant encore quelque peu l'intérieur. Il vit la petite boule posée délicatement sur un oreille. La créature était paisiblement endormie. Conrad se rapprocha, l'observant sans la toucher, n'ayant pas le coeur de la réveiller. Puis, il se posa devant son ordinateur. Habituellement, il se serait contacté au DEM, ou à son jeu en ligne. Ses amis en ligne ne devaient pas comprendre d'ailleurs. Conrad n'était pas du genre à s'absenter sans prévenir. Mais aujourd'hui, la réalité avait dépassé la fiction, suffisamment pour donner envie au garçon de s'y concentrer.

Il observa l'appareil, le tenant à une main, celui qui était apparu à coté de cet oeuf. Lors de sa rencontre avec la créature, il n'y avait pas prêté attention. Puis, après le choc initial passé, son oeil s'était posé dessus. Il avait la forme d'un MP3 ou d'un I-pod, tout plat, tout comme son écran et ses boutons. Léger et confortable à tenir, et d'une couleur jaune ôcre. La même que la créature, la même que son manteau d'ailleurs. Mais ce devait être une coïncidence. Le garçon commença à taper sur son écran.

"Monstre sorti de l'écran."
"Oeuf sorti de l'écran."
"Monstre et appareil venu de mon jeu en ligne."
"Monstre jaune et gluant."
"Oeuf magique."
"Appareil apparaissant comme par magie."
"Rumeurs."
"Légendes."
"Mythes d'internet."
...

Toutes les recherches possibles, pouvant lui donner des réponses. Une heure passa, une seconde, le garçon explorant des sites improbables. Des sites de fiction, des histoires en ligne, des résumés de film ou d'autres récits. Mais rien de concret. Il chercha, fouilla, explora, mais rien qui se rapprochait de près ou de loin à la petite créature qu'il avait trouvé. Et si Internet ne semblait pas avoir la réponse, c'était comme affirmer que ce monstre ne pouvait pas exister. Mais elle était pourtant là, derrière lui, en train de dormir.

Rencontre pt4 - 3 juin 2024 :

"Conrad."

"..."

"Conraaaaad ... !"

"Hmmm."

"Conrad !"

Le garçon sentit quelque chose se refermer sur sa jambe. Il se redressa aussitôt, surpris par cet instant de douleur qu'il oublierait bien vite, mais rappelé aussitôt à la réalité. Il s'était endormi sur son pc, la tête dans ses bras, épuisé d'avoir fait des recherches pour comprendre les origines de sa créature et de son appareil. Et dans le songe, tout s'y était évaporé. Si bien que malgré la stupeur de son réveil, Conrad crut encore être endormi, et que ses souvenirs de la veille n'étaient qu'un rêve.

"Tu es réveillé Conrad !"

La voix l'interpella, et les yeux du garçon se baissèrent alors pour voir ce qui lui parlait à cet instant. Ses yeux s'écarquillaient, comme si c'était la première fois qu'il rencontrait cet être. Et comment aurait-il pu deviner que c'était le même. La petite boule mignonne avait disparu, pour laisser place à une sorte de reptile de même couleur, au regard plus hargneux, mais aussi plus éveillé. Le garçon se releva, pris du même instinct de survie que la veille, quand le monstre était apparu. La créature à ses pieds le suivit, tout à fait à l'aise.

"Et bien alors ? Qu'est-ce que tu as ?"

"Mais ... tu ... que ..."

Impossible d'aligner deux mots concordants. Trop de questions se bousculaient dans sa tête. Cet être était-il le petit monstre d'hier ? Pourquoi avait-il changé ? Ou était-il venu et avait dévoré le précédent ? Et qu'était-il ? Et pourquoi parlait-il ? L'être observait l'humain, intrigué, ne comprenant pas sa réaction. Conrad ravala sa salive, et pointa légèrement du doigt l'être qui ressemblait à un dragon.

"Tu ... es le petit d'hier ?"

"Oui ? Tu ne me reconnais pas ?"

Fit le monstre d'une voix intriguée, ne comprenant toujours pas ce qui était pourtant évident. Conrad déglutit à nouveau, se sentant de nouveau parler et agir en désaccord avec la réalité qu'il connaissait depuis toujours.

"C'est que ... tu ... tu as changé."

"Hein ?"

La créature commença à se tortiller, comme si elle découvrait pour la première fois sa propre apparence.

"Oh ... oui."

Conrad regarda le monstre, d'un oeil incrédule. Comment ce monstre aurait-il pu ne pas se rendre compte de son propre corps se transformant.

"Et ... tu parles maintenant ?"

"Oui."

Elle même ne semblait pas savoir comment expliquer ce phénomène. Pour la première fois, l'être semblait un peu perdu, comme si les questionnements de Conrad se reflétaient dans son esprit. Ils restèrent quelques secondes ainsi, sans savoir quoi dire. Soudain, le ventre du monstre se mit à rugir. De quoi briser la glas.

"Attends, je reviens ..."

Le garçon se dirigea vers la cuisine, attrapa un bol de lait, y versa des céréales, comme il l'aurait fait tous les matins, pour lui. Il s'arrêta alors, se demandant, le bol en mains, si la créature serait satisfaite de ce plat. Elle semblait plus apte à manger de la viande crue. Un instant d'hésitation, avant que le garçon ne retourne dans sa chambre.

"Tiens, je t'ai ramené ça."

Fit-il au monstre à qui il déposa le bol. Le dragon s'approcha, se tortillant pour se déplacer, comme un serpent. Il inspecta alors le contenu du bol, avec curiosité, ou de la méfiance.

"Ce sont des Cap'n Crunch ... dans du lait ... tu vas voir, c'est bon."

Et bourré de sucre, mais bon. A cet âge, l'on ne pensait pas à ça. Le monstre leva ses yeux vers Conrad, hésita encore une seconde. Dans ses doutes, Conrad se rendit compte que l'être n'avait plus rien du bébé de la veille. Il n'était plus totalement dépendant de lui, et semblait apte à faire ses propres choix. Mais au final, elle fit confiance en l'humain, et commença à croquer les céréales déjà ramollies par le lait. Elle croqua sa première bouchée, testant le goût qu'elle découvrait pour la toute première fois. Puis, alors qu'elle décida qu'elle en appréciait la texture et la saveur, elle replongea sa tête dans le bol, dévorant goulûment. Ce n'était plus un bébé, et le monstre ressemblait d'avantage à une créature sauvage. Conrad regarda le monstre un instant, jusqu'à ce que quelqu'un se mit à toquer à sa porte. Judith.

"Conrad, dépèche-toi de te lever !"

Elle n'attendit pas sa réaction, considérant avoir fait son devoir de grande soeur en le réveillant ainsi. Maintenant, s'il ratait l'école, ce serait de sa faute. La réalité revint frapper le garçon immédiatement, alors qu'il échangea un regard avec le monstre qui semblait un peu apeuré par cette voix qui avait surgi de nulle part. Il avait été pris de court, il l'admettait.

"Mince ..."

Fit Conrad qui réalisait que oui, il était en retard, et se redressa, réfléchissant à ce qu'il devait faire. Il hésita cependant, échangeant un regard avec le monstre, comme s'il s'attendait qu'il lui dise quoi faire.

"Je ... dois aller à l'école."

Le monstre le regarda, et répéta, d'un ton interrogatif.

"L'école ?"

"... ... Oui."

Trop de pensées. Cet être était un enfant qui ignorait ce qu'était l'école, ce qu'étaient les céréales. Que devait faire le garçon ? Sécher ? Il ne le pouvait. Car c'était l'une des rares choses que son père ne laissait pas passer. Il attendait de ses enfants un sérieux dans leurs études.

"Est-ce que ... tu ... peux rester tout seul ?"

Lui fit-il alors, comme une faveur. Hier, il en aurait été hors de question. Mais aujourd'hui, l'être semblait plus indépendant, plus capable de se débrouiller seule.

"Oui."

Répondit le monstre, ignorant lui-même ce qui l'attendait. Conrad hésita, puis se prépara en vitesse. Il mit son pantalon, attrapa ses affaires, et se mit en route. Un dernier regard pour son monstre qui le regardait dans les yeux, un peu désemparé, mais le cachant malgré tout.

Conrad avait juste à marcher vingt minutes pour se rendre à l'école. Il tenta de sortir son livre de cours pour relire ses leçons. Le professeur avait-il dit qu'il y aurait un contrôle ? Il n'était même plus capable de s'en souvenir. Il pensait à son monstre, chez lui, dans sa chambre. Il n'avait que ça en tête. Et comment aurait-il pu en être autrement ? Il avait encore l'impression de rêver, maintenant qu'il était sorti de sa chambre et qu'il se retrouvait en pleine réalité.

Hrp : RP révisions.

Rencontre pt7 - 3 juin 2024 :

L'horloge avait à peine sonné que Conrad était sorti en trombe de la salle d'études. Miller et sa bande crurent d'ailleurs qu'il s'enfuyait, et se jurait de l'attraper dès qu'ils le pouvaient. Tout ça pour un stupide bouchon de stylo. Vraiment ? Non. Parce que Conrad n'avait pas respecté sa place dans la hiérarchie, il avait osé leur résister.
Le garçon dévala les marches qui le ramenèrent au rez-de-chaussée et sortit du bâtiment, manquant presque de bousculer un groupe de filles qui discutaient devant la sortie. Elles le regardèrent, froissées, quand bien même il leur fit un petit "désolé" au passage. C'était la première fois que Conrad Foster semblait être si agité, ou si vif. La première fois que ce garçon paraissait sortir de l'ombre.

Il retrouva les rues quelque peu mal entretenues qui le ramenaient chez lui. Manquant de trébucher dans un nid de poule dans le trottoir, mais évitant la chute. Il traversa le pont et s'en revint au quartier de Georgestown, premier arrivé à sa maison. Juditch avait son club, et son père, comme toujours ne rentrerait que tard le soir. Il regarda autour de lui, presque inquiet de voir son petit monstre dans le jardin, ayant trouvé un moyen de s'échapper. Et s'il avait disparu ? Ou pire, et si tout ça n'avait été qu'un rêve. Après une journée de cours, d'immersion dans la vie réelle et ennuyante de son quotidien, Conrad commençait à croire qu'il aurait très bien pu imaginer tout ça. Cela avait pourtant été si réel. Il inséra la clé dans la serrure et pénétra dans le petit vestibule, se déchaussant en vitesse avant de filer dans sa chambre.

"Conrad !"

Fit le monstre, sur son lit, en voyant apparaitre enfin le garçon à la porte. Conrad s'immobilisa.

"Que ... ?"

Sa chambre était dans un état lamentable. Le monstre s'était lâché, avait renversé ses affaires, défait son lit et la couverture, éparpillé ses livres, et dévoré son oreiller qui venait de tomber sans sa gueule.

"Qu'est-ce que tu as fait ?"

"J'ai faim !"

Réclama la créature, ne se rendant même pas compte de sa bêtise. Conrad, lui, s'en rendit compte. Une journée entière dans sa chambre, sans mot dire. Bien sur que le monstre finirait par tout fouiller, pour dénicher de la nourriture. Le garçon regarda sur son pc, remarquant l'ignoble excrément que le monstre lui avait laissé en souvenir. Il se passa la main sur le visage, ignorant comment réagir. Il avait envie d'hurler, juste parce que c'était dégoûtant. Mais d'un autre côté, c'était tellement hors du commun.

"J'ai faiiiiiiiiiiim !"

"Ok ... OK !"

Fit-il, un peu alerté par le cri de réclame du serpent draconique. Le garçon hésita, et regarda derrière lui. Il n'y avait personne après tout.

"Suis-moi ..."

Le monstre se redressa, curieux, émoustillé à l'idée de pouvoir sortir de cet espace clos. Il suivit son "maitre", se déplaçant comme un serpent léger et souple. Bien loin du petit bébé de la veille.

"T'étais où Conrad ? Tu faisais quoi ? Je t'ai attendu toute la journée tu sais ?"

"J'étais ... au collège ... à l'école quoi ..."

"L'ékole ?"

Fit-il le monstre, ne comprenant pas, alors qu'il grimpait sur une chaise, puis sur la table, sans le moindre effort.

"Sur la chaise."

Lui fit Conrad, qui ne savait pas si c'était nécessaire d'imposer les manières à sa créature. Mais le monstre vint obéir docilement.

"Des céréales, ça te va ?"

Il avait bien aimé après tout le matin même. Peut-être serait-il ravi de manger le même repas. Ne se plaignant pas, Conrad lui servit un généreux bol, pour se rattraper du repas du midi que son monstre avait raté. Il se goinfrait déjà, les céréales au chocolat craquant sous ses crocs.

"Attends ! J'ai pas mis le lait !"

Il approcha la grosse bouteille et en versa dans le contenu, le monstre attendant docilement, observant chaque mouvement avec curiosité. Une fois que Conrad redressa la bouteille, il se remit à dévorer le contenu du bol, le vidant à grande vitesse avec appétit.

"Désolé ... j'aurai pas dû te laisser seul, sans rien. C'est ma faute."

S'excusa Conrad, confus. Il se retourna, conscient qu'il allait devoir nettoyer dans sa chambre avant que son père ou Judith ne rentre. Il regarda le monstre :

"Mais ... je vais quand même pas te ramener à l'école ... ?"

Difficile réflexion. Le garçon comprenait que bien vite, il allait devoir s'organiser, pour pouvoir s'occuper de ce monstre.

"Est-ce que je peux te demander ... ce que tu es ?"

"... Je ... Je suis moi ?"

Répondit le monstre, ignorant comment même répondre à cette question.

"Kyokomon !"

"Kyokomon ?"

"C'est mon nom. Ca je sais !"

Une information. C'était quelque chose. Et c'était le peu que Conrad parviendrait à obtenir ce jour-ci. C'était déjà bien de savoir qu'il pouvait donner un nom à sa créature.

"Kyokomon ..."

Répéta t'il. Le monstre le regardait, d'un air qui semblait souriant, ravi.

"Enchanté de te rencontrer Kyokomon, moi, c'est Conrad."

Il voulut lui tendre la main, pour qu'ils se serrent la pince. Mais le garçon se ravisa, se souvenant bien vite que Kyokomon n'avait pas de bras, ou de main.